dimanche 29 mars 2009

ON S'AGENOUILLE DEVANT LE CROCO

"Le Grand public Britannique" (1) mérite un absolu respect pour sa patience. La saison 3 de Nick Cutter et les portes du temps (Primeval) a démarré en Espagne dimanche dernier et en Allemagne un jour plus tard. Tandis que les télespectateurs britanniques ont dû attendre le 28 mars pour regarder le premier épisode de cette nouvelle saison sur ITV1, juste après Harry Hill's TV Burp (patience? Disons plutôt sainteté). Mais non sans tirer à pile ou face d'abord, la saison 3 de Robin des bois démarrant 30 minutes avant sur BBC1.

CROCODILE ROCK

Donc, les grands chasseurs de créatures féroces de l'Anomaly Research Center sont de retour minus Stephen mais avec un nouveau baby-sitter militaire, le capitaine Becker. Nick Cutter doit gérer les conséquences de la mort de Stephen lorsque les affaires reprennent à l'ARC avec des ennuis au British Museum. Là-bas, l'équipe rencontre une egyptologue dénommée Sarah Page (qui doit être diplomée de la Samantha Jane Marquez University), ainsi que le monstre de la semaine: un croco géant - non, pas Gustave - avec un sérieux problème d'égo, car le "toutou" croit qu'il est un dieu égyptien.

James Lester, lui, doit faire face à une autre source géante de problèmes pour lui et l'ARC: Christine Johnson, une officielle de rang élevé travaillant au Ministère de l'Intérieur et ayant des liens avec le milieu du renseignement. Johnson doit superviser les opérations de Lester mais a son propre agenda: retrouver un mystérieux artefact. Sauf que son agent militaire est le seul survivant de son escouade après une rencontre du type très méchant sous la forme des hideux prédateurs vus dans les saisons précédentes.

Dans l'intervalle, le reptile egyptien joue un sale tour à un agent de stationnement londonien et veut faire du shopping dans un grand centre commercial à la totale désapprobation de Cutter, Abby et Becker, avant d'être assez aimable pour retourner au musée. Là-bas Sarah la nouvelle, qui est experte en matière de psychologie des crocos mégalos, suggère que le crocodile a seulement besoin d'un peu de respect et qu'ils ne seront pas mangés s'ils s'agenouillent devant lui. Cette expertise en matière d'Anger Management des dieux égyptiens lui vaut d'être engagée à l'ARC, Nick Cutter lui demandant d'établir un "modèle" d'après les anomalies du bestiaire des créatures mythologiques.

LES DENTS DE LA MER 5, NICK CUTTER 3

La première saison de Primeval était une plaisante surprise à gros budget, une sorte de dérivé fiction des précédents programmes produits par Impossible Pictures (Walking with Dinosaurs, Prehistoric Park). La seconde saison était dotée d'un meilleur format (introduit par le cliffhanger de la saison 1), d'une meilleure construction (un arc de 7 épisodes), d'une meilleure conception des personnages, ainsi qu'une merveilleuse addition au casting en la personne du formidable comédien anglais Karl Theobald dans le rôle d'Oliver Leek. C'est pourquoi nous attendions beaucoup de la première de cette troisième saison.

Mais le scenario de cet épisode est infesté de requins (si on peut dire vu que la vedette en est un crocodile). On ne marche pas devant la magnanimité de la bestiole, l'élément mythologique, ou Connor en comique troupier après deux années de route vers la maturité. Et l'introduction de quatre nouveaux membres dans la distribution nous rappelle que la télé britannique adore tuer les personnages réguliers.

Ben Miller dans le rôle de Lester, et Juliet Aubrey dans celui de la super dérangée Helen Cutter (costume de super méchante inclus), volent litéralement l'épisode 1 par leur incroyable présence. Le climax avec Helen, son armée de clones et l'artefact dans les ruines d'une citée moderne abandonnée dans un paysage préhistorique (la planète des singes? Londres après un programme de développement urbain qui a mal tourné?) nous permet d'espérer d'intéressants rebondissements. Tuyau pour la Beeb: Juliet Aubrey serait magnifique en Rani dans Doctor Who.

Voir également: http://thierryattard.blogspot.com/2009/03/nick-cutter-saison-3-sur-prosieben-pas.html

(1) http://thierryattard.blogspot.com/2008/06/creature-comforts-des-studios-aardman.html

mercredi 25 mars 2009

NICK CUTTER SAISON 3 SUR PROSIEBEN (PAS DE SPOILERS)

La saison 3 de Nick Cutter et les portes du temps (Primeval) a démarré en Allemagne lundi 23 mars, soit cinq jours avant la diffusion sur ITV1.

Une nouvelle saison de la série créée par Tim Haines et Adrian Hodges est un évènement, et pas seulement pour les fans de science-fiction, car c'est une série d'envergure avec des couts de production qu'on peut imaginer à la hauteur des séquences spectaculaires qu'Impossible Pictures, qui produit pour ITV et la chaîne satellitaire allemande gratuite ProSieben (diffuseur de Primeval - Rückkehr der Urzeitmonster), nous propose depuis 2007. On se rappelle que le budget estimé de la saison 1 était de 6 millions de livres sterling (avec M6 au co-financement à l'époque).

Le professeur Nick Cutter (l'excellent Douglas Henshall) et son équipe enquêtent sur des "anomalies" dans le temps qui permettent à des créatures préhistoriques de débarquer dans l'Angleterre moderne. Ils opèrent pour l'ARC (Anomalies Research Centre) sous la direction de James Lester (le très polyvalent et très talentueux Ben Miller), un officiel gouvernemental élégant et cynique. La femme de Cutter, Helen (Juliet Aubrey), n'est pas étrangère à certains évènements menant à l'intrusion de créatures du passé ou du futur.

L'époustouflant cliffhanger de la saison 2 concluait un incroyable arc de 7 épisodes, avec le sort dramatique de Stephen Hart (James Murray) et la révélation que Helen Cutter - qui fait passer Le Maître version John Simm pour une personne saine et équilibrée - dirige une armée de clones de son "nettoyeur" paramilitaire.

ITV attend énormément de ce Primeval 3, après le couteux Demons et Philip Glenister moins la Quattro mais avec "cet accent". Le prestige de Nick Cutter et les portes du temps est le ticket rêvé pour la rédemption de l'audience, car le programme est un hit global et a même impressionné les télespectateurs US (grâce à BBC America). La troisième saison de Primeval est une des séries britanniques les plus attendues du printemps, avec la saison 2 d'Ashes to Ashes et un spécial de Doctor Who. Le remake de la série Le Prisonnier pour ITV et AMC étant égaré dans les sables sud-africains jusqu'en novembre.

Les têtes pensantes de Primeval sont les champions de la surprise radicale (voyez ce qui est arrivé après le cliffhanger de la saison 1) mais l'ouverture de la saison 3, avec son orientation mythologique si ce n'est ésotérique, laisse l'impression mitigée que nous sommes en train de regarder un épisode d'une certaine franchise télévisuelle nord-américaine bien connue. Le monstre de la semaine est lié à un monument egyptien dans le British Museum et Sarah Page, une egyptologue (Laila Rouass), gagne un job à l'ARC avec une scène qui pourrait facilement obtenir le Prix du meilleur "saut de requin" (comme disent les Anglo-saxons à propos d'une série déclinante) - ex aequo avec la séquence de l'ascenseur (désolé).

Les autres nouvelles recrues de la distribution sont le capitaine Becker (Ben Mansfield), qui ne remplacera certainement pas Stephen Hart (est-il vraiment mort, de toute manière?) et Christine Johnson (Belinda Stewart-Wilson, l'épouse de Ben Miller), ex-MI6 et nouvelle patronne de James Lester avec l'habituel agenda caché à la Spooks. Et Helen Cutter a quelque chose qu'elle cherche désespérément, mais dans quel but? La fin avec Helen est vraiment impressionnante et est la seule raison dans cet épisode de garder espoir que la série ne va pas complètement se transformer en "Primeval SG1".

Jusqu'à maintenant Primeval est une grande série. Nous verrons dans les prochains épisodes si la saison 3 ne "saute pas par dessus le requin". Que ce requin soit du futur ou du passé.

Post-scriptum: Connor (Andrew-Lee Potts) est, hum... "connoresque" à un étonnant niveau de gratuité, et Abby (Hannah Spearritt) souffre de l'introduction du personnage de Sarah Page.

mardi 24 mars 2009

FEAR HER

Dimanche 22 mars, le vénérable Variety a publié trois articles concernant des blogueurs de l'industrie du cinéma et de la télévision, et tout particulièrement la divinité du journalisme de l'Entertainment, Celle-Qui-Doit-Être-Lue, Nikki Finke de Deadline Hollywood Daily (1).

Le même jour Nikki a annoncé sur son feed Twitter (http://twitter.com/NikkiFinke), une "mini-version" de son blog , qu'elle répondrait à ces articles (http://twitter.com/NikkiFinke/status/1373073475).

Et bien, voilà qui est fait: http://www.deadlinehollywooddaily.com/was-it-sour-grapes-peter-bart-not-consulted-when-reed-businessvariety-group-called-me-to-buy-dhd/. Nikki Finke explique librement (j'adore le « Puisque je n'ai pas signé d'accord de non-révélation »!) et avec son style inimitable que Variety a essayé récemment d'acheter DHD.

Sur The Daily Beast, Kim Masters appelle DHD Le Blog le plus menaçant d'Hollywood (http://www.thedailybeast.com/blogs-and-stories/2009-03-23/hollywoods-most-threatening-blog/2/). Les jeux sont faits... Nikki Finke n'est pas une représentante du "journalisme alternatif", c'est une journaliste qui fait son travail. Mais attention, Nikki. Un jour Hollywoodland aura sa revanche: ils tireront un film de l'ascension de Deadline Hollywood Daily et Meryl Streep jouera votre rôle.

(1) http://www.variety.com/article/VR1118001495.html?categoryid=1&cs=1
http://www.variety.com/article/VR1118001494.html?categoryid=1019&cs=1
http://www.variety.com/article/VR1118001493.html?categoryid=1019&cs=1

vendredi 20 mars 2009

DUB'CLUB: DOUBLER LE MONDE AVEC STYLE

L'industrie française du doublage est à la croisée des chemins ces derniers temps, avec le N° 2 du secteur traversant des difficultés et des petites structures qui ne vont guère mieux. Et depuis quelques années écouter un film ou une série télévisée en Français peut souvent être un exercice très douloureux.

Mais au milieu de cet environnement très sombre où l'économie ainsi qu'un manque de prospective et d'évolution pèsent sur une industrie considérée autrefois comme la meilleure du monde, il y a une compagnie qui continue à viser l'excellence tout en veillant à satisfaire les exigences de ses clients. Dub'Club Post Production a été fondée en 1991 par Marianne Dubos. Née en Suisse, Mme Dubos a travaillé en France pour une des plus actives et prestigieuses société de doublage francophone: Jean-Paul Blondeau Productions, sur les doublages de classiques comme Mission: Impossible ou The Avengers (dont elle a en fait trouvé le titre français: Chapeau melon et bottes de cuir). Au Québec elle a dirigé le doublage de la série originale de Star Trek, avec son époux Régis Dubos doublant Spock.

Parmi les derniers travaux de Dub'Club: la série d'ABC Women's Murder Club, l'adaptation du Vent dans les saules (The Wind in the willows) pour la BBC, avec Matt Lucas, Mark Gatiss et Bob Hoskins, Thief avec Andre Braugher, Le passé pour cible (Monroe'Class of 76) avec Robert Carlyle, ou des films tels que Paparazzi (produit par Mel Gibson).

Fille de Marianne et Régis Dubos, la comédienne de doublage Mélody Dubos (Agnes et sa jumelle dans la version française de Verliebt in Berlin, et l'une des voix de l'émission Fith Gear) est la talentueuse directrice artistique de la maison. Les adaptations françaises des oeuvres doublées chez Dub'Club sont brillamment effectuées par Xavier Varaillon, auteur de doublage indépendant.

Dub'Club Post Production travaille avec les meilleurs techniciens et les meilleurs artistes en doublage, la plupart d'entre eux travaillant régulièrement pour la scène, le cinéma ou la télévision. Les clients de cette société, le public et les amateurs de doublage (nombreux en France), reconnaissent la qualité de leurs versions françaises. Women's Murder Club est diffusé ce mois-ci sur M6.

http://www.dubclub.fr/
http://melodyd.free.fr/
http://xvaraillon.free.fr/

COMING ATTRACTIONS: TORCHWOOD SAISON 2 CHEZ KOBA

Nous vous en parlerons la semaine du 30 mars...

LES PERLES DE SAGESSE D'ARCHIE DALEY ET AUTRES CITATIONS DE MINDER

Minder 2009 vient de sortir en DVD (http://thierryattard.blogspot.com/2009/03/minder-en-dvd-fremantle.html)

« Certains naissent pour la grandeur, les autres portent les trucs lourds. » (Archie)

« C'est un des plus vieux abreuvoirs de Londres. Charles Dickens a bu ici.
- Ah oui?
- Personne ne peut prouver le contraire. » (Jamie et Petra)

« Relax, gringo. Rien de telle qu'une opportunité de crise qui ne demande qu'à être saisie. » (Archie)

« J'ai acheté ça off plan pour moi et ma petite amie. Ca a foiré, comme notre économie. Je ne peux plus le fourguer. Comme ma femme. J'ignore quelle est la plus grosse servitude. » (Dickie Mint)

« Je ne suis pas Miss Marple mais je suis sûr qu'il cache quelque chose. » (Archie)

« Même dans la vallée de l'ombre de la mort il y a des ouvertures pour un esprit d'entreprise. » (Archie)

« L'homme sage n'affronte pas le mauvais ennemi. » (Chan Donovan)

« J'ai pris l'avion avec Cliff Richard. Pas pour ça que je sais chanter Mistletoe and Wine » (Archie)

« Elle était comme un cochon français cherchant des truffes. » (Archie)

jeudi 19 mars 2009

MINDER EN DVD (FREMANTLE)

Avec en vedettes Shane Richie et Lex Shrapnel, la réinvention du cultissime Minder par Talkback Thames pour la chaîne britannique Five est maintenant disponible en DVD. C'est une excellente occasion de voir ou revoir une série qui mérite d'être considérée comme un des très grands moments de la télévision britannique contemporaine, et comme un futur classique.

LES COMPERES

« Je paye toujours un service britannique en souriant. » (Archie Daley)

Créé par Leon Griffiths, le Minder original fut diffusé de 1979 de 1994. Dennis Waterman (sortant tout juste de Regan/The Sweeney) interprétait Terry McCann, un ancien boxeur ayant fait de la prison par loyauté, et qui devenait le"minder" (le "baby -sitter", autrement dit le garde du corps) d'Arthur Daley (George Cole) - un "entrepreneur" limite truand mais sympathique. En 1991 Gary Webster remplaça Waterman, dans le rôle du neveu d'Arthur, Ray Daley. La série, produite par Verity Lambert pour Euston Films (une filiale de Thames Television), est considérée aux Etats-Unis comme un a monument. A l'instar de la chanson du générique, I could be so good for you, interprétée par Dennis Waterman lui-même.

En 2008, Jay Hunt, alors directrice des programmes de Five, demande au producteur Sean O'Connor et à l'acteur-réalisateur-scénariste irlandais Tim Loane (Teachers) de créer une série qui définirait l'identité de la cinquième et dernière chaîne analogique britannique. O'Connor explore le catalogue de la compagnie Talkback Thames et a l'idée de revisiter le format de Minder. Jay Hunt est enthousiaste et suggère que Shane Richie (Alfie Moon dans EastEnders) pourrait jouer dans la nouvelle version (http://www.digitalspy.co.uk/tv/a137666/2009-tv-preview-minder-remade.html).

Richie devient Archie Daley, le neveu d'Arthur, et Lex Shrapnel (Thunderbirds) - de la Royal Shakespeare Company, est casté dans le rôle du nouveau "minder", Jamie Cartwright. Avec ce Minder 2009, Five fait preuve d'une inhabituelle mais sincère ambition qualitative. La chaîne parie gros sur la nouvelle série, avec une campagne nationale de publicité(http://www.guardian.co.uk/media/2009/jan/20/minder-campaign-to-hit-streets), et signe le groupe écossais Attic Lights pour interpréter la version 2009 du thème (http://www.sundaymail.co.uk/tv-showbiz-news/music-news/2008/11/02/attic-lights-win-deal-to-record-new-theme-tune-for-minder-comeback-78057-20862115/).

Dans le premier épisode, Better the Devil you know, Jamie Cartwright, ex-boxeur devenu chauffeur de taxi, termine son service près du Gherkin (comme dans Les Arnaqueurs VIP, le bâtiment semble être le totem du Londres de la récession) lorsque l'élégant et bavard Archie Daley grimpe à l'arrière de son taxi noir, pour essayer d'échapper à des "gorilles en Armani " (« Pied au plancher, d'accord?»). Jamie donne une leçon aux "néanderthaliens" mais perd son véhicule dans l'opération (« Je ne m'étais pas autant marré depuis la vérif de ma prostate. ») Repentant, Archie lui offre un job: livrer une valise contenant "50000 effigies de Sa Majesté " à Petra Bennett (Jenna Russell), propriétaire d'un pub de 300 ans d'âge.

« Rien de douteux, du sérieux. Crois moi ». Mais rien n'est aussi simple avec le neveu d'Arthur Daley et l'aventure commence pour Archie, Jamie et Petra. Leurs adversaires: les dangereux promoteurs immobiliers Mark et Nick Gold, le conseiller municipal véreux Conway, un couple de cafards prêts à s'accoupler, et la Detective Inspector Murray, une policière qui garde un oeil sur les affaires de Daley (« Je suis là parce que la rue dit que vos documents douaniers ne sont pas cashers. »)

AMICALEMENT VÔTRE

« Vous êtes dans quoi?
- Quoi ce soit, j'y suis. Tout du presque neuf au vraiment neuf. Services personnels et protection personnelle. Je propose toute entreprise que je peux monter. Mais avec le sourire. » (Jamie et Archie)


Minder est recréé avec une absolue brillance par Tim Loane, consultant de la série, et scénariste de la nouvelle série Minder (avec Jeff Povey pour l'épisode 5). Il capture l'essence de la série originale: la relation entre le sympathique opportuniste et son garde du corps (« On est une bonne équipe, James. Les possibilités sont infinies. »), et son atmosphère, recréées dans le Londres de 2008 - où l'Histoire rencontre l'architecture moderne (1).

« Eh, une minute. Pourquoi m'aides-tu ainsi?
- Quelqu'un dans le passé l'a fait pour moi. »
(Jamie et Archie)


Le nouveau tandem joué par Shane Richie et Lex Shrapnel évoque avec subtilité le duo de George Cole et Dennis Waterman sans tenter une seconde d'imiter leurs légendaires prédecesseurs. Les deux stars étant plus proches en âge que celles du Minder d'origine, l'improbable amitié entre Archie Daley et Jamie Cartwright rappelle plutôt le partenariat entre Lord Brett Sinclair et Danny Wilde dans Amicalement Vôtre (The Persuaders).

Mais le testament du premier Minder est assumé avec élégance au travers de nombreuses références: le Winchester, les acyrologies de Daley (« N'est-ce pas ce qu'ils ont dit à Michelange, le type qui s'est coupé l'oreille? » ou « Vous savez que c'est son modi operandus. » ), et des clins d'oeil au passé tels que la poignée de main au-dessus de l'avant du taxi dans l'épisode 1, ou le « Si mon oncle Arthur pouvait me voir. »

La sensibilité reste la même mais le ton et le rythme sont différents. Il y a de la comédie à la Richard Curtis dans le superbe épisode 2, In Vino Veritas. Tim Loane est à son apogée avec certaines répliques du style « Elle a atteint ce stade dans la vie de chaque femme ou rien n'est une surprise et où tout n'est que déception », et les scènes avec le "photographe de mariage" (« Je suis réalisateur, en fait. ») ou Charles Cupidon, le chanteur de mariage dépressif. Il y aussi beaucoup de moments ou de personnages "Guy Ritchiesque", spécialement dans Matter of Life and Debt (épisode 4) - avec son pseudo-artiste martial Chan Donovan (« Le futur est un oeuf fraichement pondu fragile entre nos doigts. »)

« Au cas où tu l'oublierais je suis la tête de ce duo. Donner et recevoir.
- Ouais. Je donne, tu reçois. » (Archie et Jamie)


Là crème de la crème des acteurs britanniques joue dans Minder: Rik Mayall (The New Statesman, Bottom), Meera Syal (Jekyll) Nickolas Grace, Rory Kinnear, Clare Higgins, Steve Pemberton dans le rôle de Vlad l'Imposteur (!) - un médium (« Tu disais qu'il est médium ou médiocre? »), Clive Wood, et bien d'autres. Et les personnages récurrents son bien servis aussi, avec Josette Simon (Blake's 7) dans le rôle du DI Murray et Paul Brooke dans celui de Dickie Mint - l'avocat d'Archie.

SO GOOD FOR YOU

« C'est un équilibre entre pouvoir et élégance » (Daley, Archie Daley)

Les facéties de la famille Daley ont été mises au gout du jour en ce 21ème siècle: le neveu d'Arthur Daley se confronte au monde de l'art contemporain dans The Art of the Matter (épisode 3), lorsqu'il découvre sur un papier peint une oeuvre qu'il pense être d'un "artiste de guerilla" appelé Banksy. Il transforme son entrepôt en la Daley Gallery (2) et expose le tableau au milieu d'autres oeuvres faites de... poulets périmés (« Ses sculptures volaillères sont novatrices. »), de bonbons et de poupées mannequin! Mais Jamie découvre que le Banksy est un faux et Archie est pris pour un mystérieux faussaire connu sous le nom de "Picasso" par un enquêteur frustré (« Tu m'as donné à manger à l'inspecteur Lecter, Jamie. »)

Dans Thank your Lucky Stars (Episode 5), le "champion de Bermondsey" Archie Daley, et Jamie Cartwright, parient leurs doigts contre un joueur de poker obsédé du contrôle absolu et qui collectionne des « choses dont vous pouvez vous passer mais ne voulez pas perdre ». Cet épisode, qui révèle un des nombreux talents de Jamie, a des airs de L'homme du sud (Man from the South, la nouvelle de Roald Dahl) et de Maverick. Enfin, dans Till Debt do us Part (l'épisode 6), Jamie revient sur le ring pour aider Archie à règler ses comptes avec Celle Qu'on Doit Payer, autrement dit Delilah (« Why, why, why?») - l'épouse d'Archie, dont celui-ci est séparée - en battant son protégé, le boxeur Carlos Rocks (« On ne veut pas de Beckham pour son sens de la répartie. »)

« Conduit des célébrités récemment?
- Et bien en fait, oui. J'ai ramené Big Boris [Boris Johnson, le maire de Londres] chez lui après une virée. Du moins je crois que c'était chez lui. » (Archie et Jamie)


Minder 2009 est intelligemment écrit et magnifiquement filmé (cf la séquence de l'ombre sur Bermondsey dans l'épisode 5). Drôle, rythmé et bien anchré dans son époque (« Je parle de ce désastre anti-naturel qu'est notre économie. ») Les acteurs sont impressionnants, particulièrement Shane Richie, qui nous offre une vaste palette d'émotions bien au-delà des apparences de "l'esprit d'entreprise" bavard et opportuniste. Et Lex Shrapnel est le parfait successeur de Dennis Waterman, même s'il ne chante pas le générique (l'interprétation d'Attic Lights est excellente).

Pour être parfaitement honnête, la série n'a certainement pas répondu aux attentes de Five en matière d'audience, surtout au regard de leur investissement. MAIS Minder mérite une seconde saison (3), peu importe la chaîne qui la diffusera: Five absorbée par ITV, ou la BBC. Talkback Thames produit QI (la géniale émission présentée par Stephen Fry et Alan Davies) pour la Beeb et le nouveau Minder serait à son aise parmi des séries comme Les Arnaqueurs VIP ou Ashes to Ashes. La première saison de ce chef d'oeuvre qu'est Minder est maintenant en DVD grâce à Fremantle Home Entertainment dans un coffret 2 DVD réunissant les 6 épisodes de la série. Plus des suppléments incluant un jovial making of tourné durant l'épisode 6, les scènes ratées, les scènes coupées et une promo.

Voir aussi: http://thierryattard.blogspot.com/2009/03/les-perles-de-sagesse-darchie-daley-et.html

http://www.amazon.co.uk/gp/product/B001QV6JCK?tag=virtuallinse1

Minder sur le site de Five: http://www2.five.tv/minder/ (avec le clip très drôle d'Attic Lights).

(1) Pour en savoir plus sur les lieux de tournage de la nouvelle série, voir:
http://www.minder.org/locations/index.htm et http://www.london-se1.co.uk/minder/
(2) Ces scènes sont illustrées par le thème de la "séquence de la galerie" de l'émission Déclic (Vision On)!
(3) Nous aimerions, par exemple, revoir Felix Cornell (Clive Wood), le méchant de l'épisode 5. Et Maria Grant (Jayne Wisener), qui quitte Jamie Cartwright à la fin de A Matter of Life and Debt, pourrait-elle devenir la Philippa Vale de Jamie? (Philippa Vale était la cambrioleuse qui revenait de temps à autre séduire Jim Bergerac dans la série Bergerac).

mercredi 18 mars 2009

STOP THE PRESS! NIKKI FINKE EST SUR TWITTER!

Mon Dieu! Celle Qui Doit Etre Lue, alias l'éminente journaliste Nikki Finke, de Deadline Hollywood Daily (http://www.deadlinehollywooddaily.com/) - la première chose que je lis quand je me lève - est maintenant sur Twitter:

http://twitter.com/NikkiFinke

Considérez l'idée de vous faire cloner, Nikki, ou vous ne dormirez plus jamais...

lundi 16 mars 2009

RON SILVER (1946-2009)

Ron Silver était un de ces acteurs dont l'incroyable présence à l'écran nous donnait ce sourire que l'on a lorsqu'on voit un visage familier et apprécié. Cet acteur de grande classe, vu dans de très nombreux films où à la télévision, fut récurrent dans des séries comme Chicago Hope ou A la Maison Blanche (The West Wing).

Les amateurs de films d'action se souviennent de lui en archétype du "sénateur antipathique" dans les excellents Explosion immédiate (Lime Wire,1992) et Timecop (1994). Mais beaucoup d'entre nous se rappellent particulièrement du personnage de David Sternberg dans cet arc de la série Un flic dans la mafia (Wiseguy), en 1988-1989, qui donna à Jerry Lewis le meilleur rôle de sa carrière et révéla le talent de Stanley Tucci dans le rôle du truand Rick Pinzolo. Nous parlons là d'une période dorée de la télévision américaine.

Longtemps activiste Démocrate, son soutien à George W. Bush en 2004 fut une surprise si ce n'est un choc. Et Silver disait que sa carrière en avait payé le prix (http://www.deadlinehollywooddaily.com/rip-ron-silver/). Nous espérons sincèrement que ce n'était pas vrai.

Ron Silver avait 62 ans. Il va vraiment nous manquer.

samedi 14 mars 2009

IS ANYBODY THERE?

L'Angleterre près de la mer, dans les années 1980. Un jeune garçon qui vit dans la maison de retraite dirigée par ses parents découvre que Clarence, le dernier résident en date, est un magicien à la retraite.

Sir Michael Caine est Clarence et il y a David Morrissey dans la distribution. L'histoire de Is Anybody there? (http://www.imdb.com/title/tt1130088/) a l'air merveilleuse, le film lui-même semble formidable . Nous avons besoin de ce genre de films plus que jamais.

http://www.youtube.com/watch?v=6pTMPnJR53w (Bande-annonce)

INSPECTEUR LEWIS SUR FRANCE 3

France 3 a réalisé un fort joli coup - et fait honneur au service public de la télévision française - en achetant la série britannique Inspecteur Lewis (Lewis/Inspector Lewis aux Etats-Unis), la suite d'Inspecteur Morse (Inspector Morse, 1987-2000), sublime adaptation des romans de Colin Dexter avec le très talenteux et très regretté John Thaw.

Le Detective Inspector Robert "Robbie" Lewis (toujours interprété par Kevin Whately), ex-adjoint de Morse, revient à Oxford après deux années passées aux îles Vierges et son épouse est décédée prématurément. On lui adjoint les services du jeune Detective Sergeant James Hathaway (Laurence Fox), éduqué à Cambridge et qui a renonçé à la prêtrise pour devenir policier.

Le retour du personnage de Lewis le 29 janvier 2006 sur ITV fut un tel carton que l'épisode donna lieu à une série. France 3 diffuse Inspecteur Lewis a partir du dimanche 22 mars 2009 à 20h35 à raison de deux épisodes par soirée. La chaîne semble faire preuve de beaucoup d'ambition pour ce programme, lequel bénéficie d'un "mini-site" (http://programmes.france3.fr/inspecteur-lewis/index.php?page=article&numsite=2816&id_rubrique=2819&id_article=7730). Mieux encore, à partir du 16 mars il sera possible de découvrir en exclusivité sur le web le premier épisode avant sa diffusion sur France 3.

Inspecteur Lewis est une série absolument magnifique, subtile, bien loin des clichés qui pullulent dans le comté de Midsomer. Nous ne pouvons que nous réjouïr qu'elle ait une diffusion française à la hauteur de ses qualités (en espérant que l'adaptation et le doublage en Français ne lui feront pas injure), et nous ne pouvons que vous la recommander.

mercredi 11 mars 2009

RED NOSE DAY 09

Tous les deux ans depuis 1989, Comic Relief (http://www.comicrelief.com/) organise le Red Nose Day. Cet évènement caritatif est l'occasion de moments de télévision formidablement drôles destinés à soutenir de grandes causes. Le Red Nose Day 2009 aura lieu le vendredi 13 mars sur BBC One et BBC Two, de 19h00 à 1h30 du matin (heure locale bien entendu).

« Comic Relief: Funny for Money est paré pour une grande soirée extravagante en cette Red Nose Night. Avec le meilleur de l'industrie britannique du divertissement et de la comédie, dont l'ultime parodie cinématographique de French & Saunders; un sketch de l'équipe de Gavin & Stacey; un spécial Red Nose de The Royle Family; la distribution de Outnumbered; Ricky Gervais et Little Britain. David Tennant sera co-présentateur et il y aura un spécial Top of the Pops

Comic Relief does Top of the Pops sera diffusé sur BBC Two à 22h00. Notez que Comic Relief: Funny for Money (sur BBC One à partir de 19h00) montrera aussi un spécial Red Nose Day de la série The Sarah Jane Adventures avec en vedette invitée la légende du comique britannique Ronnie Corbett (http://www.bbc.co.uk/doctorwho/s4/news/latest/090213_news_02).

On se souvient de ces grand moments des années précédentes tels que Doctor Who and the Curse of Fatal Death (1999), avec Rowan Atkinson, et le grand Dennis Waterman avec Little Britain en 2007 - une des séquences préférées de votre humble serviteur, car je suis un fan de monsieur Waterman (http://www.youtube.com/watch?v=J26xfIFEKsU).

http://www.rednoseday.com/

lundi 9 mars 2009

MEURTRE DANS LA BONNE SOCIETE...

Il se passe des choses dans l'industrie française du doublage en ce moment...

Lu sur l'excellent blog de La Gazette du doublage (http://www.objectif-cinema.com/blog-doublage/): Daniel Gall, comédien et syndicaliste, voix française habituelle de Fritz Wepper (connu pour son rôle de Harry Klein dans Derrick) n'a pas été "casté" sur la dernière série de l'acteur allemand: Mord in bester Gesellschaft (http://www.objectif-cinema.com/blog-doublage/index.php/2009/03/09/143-tribune-libre-au-comedien-daniel-gall). Cette série est une co-production ARD-Degeto (grand pourvoyeur de téléfilms romantiques visibles le mercredi après-midi sur TF1 ou M6) et ORF, diffusée sous forme de téléfilms de 90 minutes depuis 2007. Il existe cinq épisodes à ce jour.

WIR SIND SO KLEIN

Dans Meurtre dans la bonne société (titre français?), Fritz Wepper joue aux côtés de sa fille Sophie Wepper, laquelle interprète Alexandra Winter... la fille du Docteur Winter interprété par Wepper. Notons que Wepper a l'esprit de famille puisque dans Der Kommissar, la série qui le vit débuter dans le rôle de Klein (http://thierryattard.blogspot.com/2008/12/horst-tappert-1923-2008.html), il fut remplaçé par son frère Elmar. Et qu'Elmar Wepper jouait avec lui dans la populaire série Zweï Brüder (1994-2001).

Dans Zweï Brüder, doublé par la société SOFI, Fritz Wepper avait comme il se doit en Français la voix de Daniel Gall. Or, nous apprenons à la lecture du blog de La Gazette que c'est Jean Roche, estimable comédien, adaptateur et directeur de plateau, qui double la star allemande pour la société Synchro-France (la société qui en son temps doubla Derrick). Jean Roche a dirigé, voire adapté, de nombreux téléfilms Degeto.

Pour ce qui concerne les raisons supposées de ce choix nous vous conseillons de vous rapporter au blog de La Gazette. En revanche, sur un plan strictement artistique et sans remettre en cause le talent et l'expérience de Jean Roche, nous aurons bien du mal à ne pas entendre la voix de Daniel Gall sur Fritz Wepper. En outre, ceci pose une nouvelle fois le problème du suivi de la continuité des voix. Suivi que nous avons toujours considéré à la fois comme une bonne chose et un handicap, lorsqu'il conduit à certains excès (peut-être y reviendrons nous à l'occasion).

THE TIMES THEY ARE A-CHANGIN' (AIR CONNU)

C'est au détour d'une de ses visites régulières sur le forum de référence en la matière (http://doublage.aceboard.fr/index.php?login=285451) que votre serviteur a appris qu'un des acteurs majeurs si ce n'est historique de l'industrie française du doublage - une société bien connue des amateurs de séries télévisées ou de dessins animés - la SOFI, traverserait certaines difficultés.

Nous espérons que cette situation, si elle devait être confirmée, sera vécue le moins péniblemement possible par les personnes régulièrement employées par cette société (http://doublage.aceboard.fr/285451-4852-7425-0-STUDIO-DOUBLAGE.htm#id37846).

dimanche 8 mars 2009

MES ONCLES CHARLIE

Notre ami canadien Furious D (http://dknowsall.blogspot.com/) a repéré deux parodies de Watchmen - Les Gardiens. La première est un générique de dessin animé façon Filmation, et la deuxième - ma préférée - s'intitule Two and a Half Watchmen! J'ai particulièrement apprécié la réplique sur Lady Gaga, en fait je suis encore en train de rire pendant que j'écris..

http://dknowsall.blogspot.com/2009/03/saturday-silliness-cinema-watching.html

samedi 7 mars 2009

PARIS BRÛLE-T-IL? (A PROPOS DE PARIS 16ème)

A la recherche du nouveau Plus belle la vie - l'équivalent français de Coronation Street ou EastEnders - depuis que France 3 a trouvé le filon avec son soap, TF1 a lançé Seconde chance en septembre dernier. Mais le Ugly Betty quotidien de 28 millions d'euros (http://thierryattard.blogspot.com/2009/03/seconde-chance-la-route-deldorado.html) n'a jamais atteint les espérances d'audience de la chaîne et on arrive au terme de ses 180 épisodes.

LES EVADES D'ELDORADO?

M6 a emprunté la route d'Eldorado bien avant TF1, l'été dernier, avec Pas de secrets entre nous. Mais cette production Marathon (compagnie ayant une certaine expertise avec Sous le soleil, vendu dans plus de 100 pays), fut un échec. Maintenant M6 prend stratégiquement avantage du sort de Seconde chance pour proposer Paris 16ème, sa nouvelle tentative.

Un budget estimé de 17 millions d'euros, 180 jours de tournage pour 80 episodes (tournés simultanément par deux équipes), 9 décors créés par une équipe de 70 personnes sous la direction du chef décorateur Jacques Houdin, 26 scénaristes, 7 réalisateurs. Ce sont les chiffres principaux de cette production CALT par Jean-Yves Robin. Cette compagnie est connue pour avoir révolutionné la fiction télé française avec deux séries au format court, Caméra Café (hit global au travers de nombreuses adaptations) et Kaamelott.

Lorène Maréchal (Alexandra Naoum), une jeune femme de province, arrive à Paris avec son oncle Antoine (Richard Gotainer) pour assister aux funérailles de ses parents. Elle est invitée par la distinguée Catherine Cipriani (Alexandra Kazan) dans son luxueux appartement du 16ème arrondissement de Paris. Catherine est l'épouse de Philippe Cipriani (Didier Menin), ténébreux propriétaire de Carialis - une compagnie prospère de navires marchands. Lorène doit découvrir un monde hostile et faire face à un secret que son oncle se sent obligé de lui révéler.

THE BOLD AND THE BEAUTIFUL

M6 fait preuve d'audace en montrant le premier épisode de Paris 16ème sur son site internet avant la première de son soap quotidien le 9 mars (http://www.m6.fr/html/series/paris-16/). Le mini-site sur le programme est très bien fait, avec des vidéos, une présentation des personnages, le "pitch" du feuilleton, une présentation des décors et les statistiques principales. La chaîne semble être assez fière de la chanson du générique, Paris is burning, une chanson du phénomène electro-pop Ladyhawke (la chanteuse Néo-zélandaise Pip Brown) composée en fait il y a deux ans. On peut d'ailleurs voir le clip sur le site.

Depuis que Plus belle la vie a démarré doucement avant de devenir un succès après une remise en forme complète, chaque observateur de cette "Guerre des Soaps" prend soin de ne pas enterrer le nouvel entrant trop tôt. Mais on peut déjà discerner quelques faiblesses dans ce premier épisode, à commencer par une "américanisation subconsciente": la chanson du générique est en Anglais et certains des personnages s'appellent Ethan, Tara ou Chris. Mais nous sommes bien à Paris et nous avons droit aux plans habituels de la Tour Eiffel et du métro.

Autre problème, certains dialogues: « Mon téléphone implose. J'suis le directeur de la communication. Il faut que je communique - Ben communique », ou « Le vrai problème c'est que t'es pauvre », ou encore « Armateur. Ah ça c'est les bateaux, c'est pas les armes ». Et bien sûr Paris 16ème ne peut éviter les clichés du genre, tels le choc des cultures entre l'héroine pauvre et ses hôtes, l'homme de main de Philippe, le confident propriétaire du café et ses commentaires cynico-humoristiques, ou le jeune et brave avocat qui veut faire tomber Philippe pour une affaire de pollution. Il y a aussi certaines attitudes qui évoquent Le coeur a ses raisons, une parodie de Soap Opera par l'humoriste québécois Marc Labrèche (bien connue en France).

DES JOURS ET DES VIES

La frontière entre codes et clichés est mince dans l'univers des Soaps, et les clichés peuvent constituer une force s'ils sont bien gérés. Nous regarderons une demi-douzaine d'épisodes pour voir si nous sommes convaincus, votre humble serviteur étant - comme Maître Chiun - un aficionado des "Beaux drames". Au contraire de Seconde chance, la distribution de Paris 16ème est un des points positifs de ce nouveau feuilleton: Philippe est interprété par Didier Menin, respectable acteur de second plan (1) (remarqué dans Plus belle la vie), qui doit relever le défi de sortir du stéréotype de l'homme d'affaires sans scrupules collé à son téléphone portable. Paris 16ème tient peut-être son Charles Frémont, le personnage interprété par l'excellent Alexandre Fabre dans Plus belle la vie.

Alexandra Kazan (Catherine) a un cv international qui inclut des participations à la version 1989 du Saint (avec Simon Dutton) ou Dracula: The series, ainsi que des rôles réguliers dans des séries françaises. La carrière de Wadeck Stanczak (Alfred Saint-Faye) est une liste impressionnante de rôles divers au cinéma et à la télévision, mais la vraie bonne surprise du casting est Richard Gotainer, plus connu comme chanteur, dans le rôle du sympathique tonton issu des classes populaires. Paris 16ème compte aussi un groupe de nouveaux visages et n'oublions pas que les jeunes et nouveaux talents ont fait le succès d'un soap comme Les Feux de l'Amour dans les années 1970.

Mais atteindre la longévité des Feux de l'Amour doit faire partie des rêves les plus fous de la production. Une des règles cardinales du Soap Opera est le facteur d'identification et parier que les télespectateurs ont envie de regarder un feuilleton sur les résidents du 16ème arrondissement de Paris (« J'ai compris que tu veux que ce soit comme d'habitude: Bling Bling ») est très risqué alors que nous sommes au plus haut de la récession. L'ère des Supersoaps et la fascination pour leurs riches familles est révolue depuis longtemps (demandez donc aux producteurs de Dirty Sexy Money). Les prochains entrants dans la quête pour le nouveau PBLV pourraient consulter les producteurs d'EastEnders, ou de GZSZ (Gute Zeiten Schlechte Zeiten), mais peut-être bien que Plus belle la vie ou Verliebt in Berlin (Le Destin de Lisa/Bruno) étaient des coups de chance ou de la pure magie. Si prochains entrants il y a, au cas où l'éventuel échec de Paris 16ème s'ajouterait à celui du couteux Seconde chance.

(1) Nous préférons pour notre part l'expression anglo-saxonne Character actor, plus respectueuse.

(A suivre)

81ème CEREMONIE DES OSCARS (DEUXIEME PARTIE)

Jennifer Aniston (« Des écureils parlants, des robots romantiques et des chiens dotés de super-pouvoirs... ») et Jack Black (« ...ce sont juste quelques unes des façons dont les producteurs décrivent les acteurs derrière leurs dos ») ont présenté la catégorie de la Meilleure Animation.

Un récapitulatif des films d'animation de l'année nous a rappelé qu'il est peut-être temps pour l'industrie de l'animation d'aller de l'avant: un robot, un panda, des chimpanzés, un zoo entier, un éléphant, des pingouins et une souris. Excepté pour La guerre des clones et Wall-E, cette année animée ressemblait à l'Arche de Noé! Jack Black était fantastique: « Chaque année je fais un Dreamworks, puis je prends tout l'argent que j'ai gagné et je l'enmène aux Oscars où je parie sur Pixar » - même Jeffrey Katzenberg a semblé sincèrement apprécier la plaisanterie. Wall- E a remporté la statuette, combien M. Black a t'-il gagné ce soir-là? Heureusement, le superbe La maison en petits cubes a eu l'Oscar du Meilleur court métrage d'animation.

Ensuite est arrivé l'improbable tandem Sarah Jessica Parker et Daniel Craig... pour la Meilleure direction artistique et Meilleurs costumes. Mais pourquoi ne puis-je m'empêcher de songer que le fait que Parker et Craig présentaient cette dernière catégorie était très révélateur. « Nous n'avons pas à vous expliquer ce que fait un maquilleur » a poursuivi SJP, « Il suffit de nous regarder », a ajouté Daniel Craig. J'ai laissé tombé James Bourne lorsque je me suis endormi durant Casino Royale, mais Craig, qui est un très bon acteur (Layer Cake) mérite mieux que ça. On ne peut imaginer Chris Noth en train de dire ce genre de choses... L'étrange histoire deBenjamin Button a remporté l'Oscar de la Meilleure direction artistique et le Meilleur maquillage. The Duchess a eu l'Oscar du Meilleur costume.

L'Oscar de la Meilleure photographie était présenté par Natalie Portman et Ben Stiller. Désolé Nikki (Finke), mais j'ai trouvé Ben Stiller hilarant en Joaquin Phoenix (« On m'a dit que Slumdog Millionaire avait été entièrement filmé avec un portable »). Pour nos lecteurs qui l'ignoreraient, Phoenix a annoncé en octobre 2008 son intention de ne plus faire de cinéma afin de se concentrer sur une carrière de rapeur. Et depuis il porte une longue barbe ainsi que des lunettes noires. Stiller ne prendra certainement pas "sa retraite de comique" avec ça mais Nikki Finke a raison: "Christian Bale" en Batman (avec un costume façon Adam West ) et "Joaquin Phoenix" aux IFC Spirit Awards - alias le génial comique britannique Steve Coogan et le réalisateur Frank Coraci (1) - étaient de loin bien plus drôles (http://www.youtube.com/watch?v=IPLs6v_52GQ&hl=fr). Quoi qu'il en soit, Anthony Dod Mantle a gagné pour for Slumdog Millionaire, ce qui est assez incroyable s'agissant d'une oeuvre entièrement filmée avec un portable.

En vérité la partie la plus drôle de l'émission c'était James Franco et Seth Rogen regardant des dvd et pliés en deux de rire devant Le liseur, même si je n'apprécie pas le coup de l'aggrafeuse à la Jackass. Mais l'"intrusion" de Janusz Kaminski (directeur de la photo sur Il faut sauver le soldat Ryan ou le dernier Indiana Jones) et d'une équipe de tournage dans leur appartement a sauvé la séquence. « Si vous avez aimé ça, j'ai aidé à l'écrire. Si ce n 'est pas le cas, c'est Judd Apatow qui a tout fait » a dit Seth Rogen - permettez moi de saluer ici un de mes amis, le grand Tristan Harvey, qui est la voix française de Rogen au Québec.

Franco, Kaminski et Rogen présentaient l'Oscar du Meilleur court métrage, reporté par Spielzeugland. Un des commentateurs sous le Live blogging des Oscars sur Deadline Hollywood Daily (http://www.deadlinehollywooddaily.com/live-snarking-the-2009-academy-awards/) a écrit: « J'apprécie vraiment les Oscars cette année, c'est vraiment mieux que l'année dernière. C'est fou ce que la Vicodine rend les choses plus belles ». Même Gregory House lit Nikki Finke!

(A suivre)

(1) http://thierryattard.blogspot.com/2008/06/frank-coraci.html

Première partie: http://thierryattard.blogspot.com/2009/02/81eme-ceremonie-des-oscars-premiere.html
Troisième partie: http://thierryattard.blogspot.com/2009/04/81eme-ceremonie-des-oscars-troisieme.html

jeudi 5 mars 2009

ROYALE KOBA

Les visiteurs réguliers de ce blog (de plus en plus nombreux et nous vous en remercions) savent que Koba Films Video (http://www.kobafilms.fr/index.php) est notre éditeur dvd français favori.

Depuis de nombreuses années référence en matière de fiction télévisée patrimoniale française, Koba s'est imposé comme l’éditeur incontournable de la "nouvelle fiction télé britannique" avec le meilleur de la production contemporaine du Royaume-Uni : Les Arnaqueurs VIP, Blackpool (http://thierryattard.blogspot.com/2008/06/blackpool.html), Femmes de footballeurs, La fureur dans le sang (http://thierryattard.blogspot.com/2008/06/la-fureur-dans-le-sang-saison-1.html), Life on Mars (http://thierryattard.blogspot.com/2008/06/life-on-mars-saison-1.html), State of Play – Jeux de pouvoir ou encore Torchwood, la série dérivée de Doctor Who (http://thierryattard.blogspot.com/2008/06/torchwood.html).

Mais Koba Films Video propose également quelques grands classiques de la télévision britannique, tels l’absolument indispensable Orgueil et préjugés (Pride and Prejudice, 1995), d’après Jane Austen et avec Colin Firth, ou encore cette adaptation non moins indispensable et définitive de Jane Eyre, le roman de Charlotte Brontë, réalisée en 1983 (http://thierryattard.blogspot.com/2008/06/jane-eyre.html) et avec le grand Timothy Dalton.

Parmi les dernières sorties britanniques de chez Koba, La collection Jane Austen (Emma, Mansfield Park et Northanger Abbey) et Le journal intime d'une call-girl (Secret Diary of a call girl) avec Billie Piper. Le 8 avril arrive leur très attendue édition française de la saison 2 de Torchwood (http://thierryattard.blogspot.com/2009/04/torchwood-saison-2-koba-films-video.html), le coffret de la saison 1 ayant ravi par sa qualité et ayant bénéficié du contraste saisissant avec le traitement des éditions dvd françaises de Doctor Who par France Télévisions.

Cette politique de "coups" particulièrement avisés (dans notre article sur Life on Mars nous écrivions: « amener de tels fleurons au catalogue de Koba c’est comme avoir acheté les droits de Chapeau Melon et bottes de cuir ou du Prisonnier si la vhs ou le dvd avaient existé alors ») se double d'une démarche éditoriale très cohérente. Ainsi, si Koba Films Video a su repérer ce mouvement qualitatif qui anime la fiction britannique télévisuelle depuis 2000, la société nous propose de redécouvrir de grandes oeuvres du passé de la fiction télévisuelle américaine (laquelle, hormis sur le cable US, court aujourd'hui après le souvenir de cette qualité), telles que l'intégrale de la saga Lonesome Dove.

Nous vous reparlerons en détail de Lonesome Dove, mais voilà que Koba annonce l'arrivée très spectaculaire - le 8 avril, comme la saison 2 de Torchwood - d'un classique de la télévision américaine de la fin du 20ème siècle: La Belle et la Bête (Beauty and the Beast, 1987-1990), avec Linda Hamilton et Ron Perlman. D'une certaine manière c'est un peu le pendant américain des titres "austeniens" de la maison, ce qui nous renforce dans cette impression de cohérence éditoriale.

Et pour revenir aux grandes fictions britanniques, Koba Films Video sort au mois de mai l'excellent Affaires d'états (The State Within, avec Jason Isaacs). Nous profitons de ce rapide récapitulatif des sorties récentes de l'éditeur pour remercier Delphine Bionne, ainsi que Gonzague Delrue.

mardi 3 mars 2009

AIN'T NECESSARILY SO...

ABC débranche la version américaine de Life on Mars. Un final devrait expliquer comment Sam Tyler a remonté le temps et (peut-être) le ramener à son époque (http://www.digitalspy.co.uk/ustv/a148359/abc-axes-life-on-mars-after-one-season.html).

En novembre 2008, votre humble serviteur écrivait: « Adapter des formats étrangers ne sera certainement pas la solution aux problèmes des grilles de cet automne ou de la saison entière. Voyez ABC et son Life on Mars US... Mais quel est donc l'intérêt d'adapter des séries que les télespectateurs américains connaissent déjà grâce à BBC America ou internet? Est-ce que les responsables de la programmation croient que les séries britanniques sont toujours ghettoïsées sur PBS ou reléguées à des deals bon marché pour la syndication? » (http://thierryattard.blogspot.com/2008/11/la-cabeza-de-alfredo-garcia_20.html). Mais ABC persiste à vouloir adapter des formats étrangers, les séries argentines sont le parfum de la saison prochaine (http://thierryattard.blogspot.com/2009/03/six-pieds-vous-connaissez-la-suite.html), et le réseau va faire un remake de la série britannique d'ITV No heroics.

En vérité il n'était pas nécessaire d'être médium pour deviner quel sort attendait le Life on Mars américain: deux pilotes (pensez-y, le début de Life on Mars a fait l'objet d'un double remake!), le producteur renommé David Kelley quittant cette adaptation, des changements majeurs de distribution, avec le remplacement de Colm Meaney par Harvey Keitel dans le rôle du Gene Hunt US, voire des erreurs de casting, avec Michael Imperioli non distribué sur Hunt. Un déménagement de Los Angeles à New York, et une nouvelle équipe de production. Mais par dessus tout, Jason O'Mara (Sam Tyler) et Harvey Keitel avaient la mission impossible de reprendre des rôles interprétés par John Simm (imaginez le pauvre Russell Crowe dans la version cinématographique de State of Play) et Philip Glenister.

Les compagnies de production britanniques devraient louer leurs lieux de tournage - à la manière des producteurs du jeu Fort Boyard, pour aider les réseaux américains à essayer de concevoir des adaptations convenables de leurs séries. Plus sérieusement, La Chica de ayer, le Life on Mars espagnol, a l'air bien plus intéressant avec son approche culturelle et historique hispanique (http://thierryattard.blogspot.com/2009/02/la-chica-de-ayer-le-life-on-mars.html). Il faut apporter plus que le concept transposé avec des acteurs et des lieux de tournage américains.

Dieu merci, Harvey Keitel, un des acteurs américains les plus talentueux, n'a pas essayé l'accent britannique. Peut-être sur Demons US?

SECONDE CHANCE: LA ROUTE D'ELDORADO

2700 m2 de plateaux à Bry sur Marne, avec 450 professionels en rotation sur le site (150 alternant sur les plateaux), 15 scénaristes travaillant sur place pour un format de 22 minutes tourné en HD, une chanson générique interprétée par une ancienne candidate de Star Academy, une campagne de marketing viral, des promos accrocheuses et un très commenté budget de 28 millions d'euros. Seconde chance, le soap quotidien lancé le 29 septembre 2008 par TF1, avait tout pour être considéré comme un des plus ambitieux paris de l'Histoire de la télévision française.

PLUS BELLE LA VIE AVEC 28 MILLIONS D'EUROS?

Pourquoi donc la première chaîne de télévision d'Europe (et leader en France) penserait qu'un Soap Opera pourraît être le ticket qui restaurerait son leadership dans une tranche horaire conquise par ses rivaux hertziens et par la télévision numérique terrestre (17h40 initialement) dans un pays où les télespectateurs n'ont pas la moindre notion de qui Luke et Laura peuvent bien être? (1) La réponse est simple: Plus belle la vie, l'équivalent français des britanniques Coronation Street ou EastEnders, ou de l'allemand Gute Zeiten, Schlechte Zeiten (GZSZ). Lancé en 2004 par France 3 dans la tranche stratégique de 20h20, face à ces institutions que sont les journaux d'information de 20h00 de TF1 et France 2. PBLV démarra avec des audiences pénibles mais France 3 avait foi en son investissement, et, après beaucoup de travail, le feuilleton quotidien devint un des programmes les plus regardés du pays - et commença à aiguiser les appétits.

Puis TF1 eut le flair d'acheter Verliebt in Berlin (2005-2007), l'adaptation allemande par Sat.1 du phénomène global né en Colombie, Yo soy Betty la fea. Les télespectateurs français firent un triomphe à ce Destin de Lisa, la romance entre Lisa Plenske et David Seidel, leur guilty pleasure N°1 de l'année 2007. La chaîne publique France 2 et la chaîne privée rivale de TF1, M6 tentèrent à leur tour de mettre à l'antenne leurs soaps quotidiens en 2008. Mais tant Cinq soeurs que Pas de secrets entre nous, conçus par la même compagnie de production (Marathon, producteur de Sous le soleil ou Totally Spies!), échouèrent à attirer le public.

Dans un tel contexte et avec un budget équivalant deux fois le coût de production de Plus belle la vie, TF1 se devait d'être prudente et testa 10 épisodes de Seconde chance auprès de panels avant de commander 180 épisodes à Alma Productions, la filliale de TF1 à l'origine de RIS (adapté d'un format italien) et de l'adaptation française de Law & Order Criminal Intent, mais aussi de L’Hôpital, sujet involontaire de plaisanteries la saison dernière - et qui a même gagné un Gérard (les Razzies français).

LE DESTIN D'ALICE

Alice Lerois, 35 ans (Caroline Veyt, une actrice belge), deux enfants, est plaquée par son mari, et doit trouver un job de toute urgence, mais son cv est une catastrophe. Alors qu'elle décroche un entretien de la dernière chance, à l'agence publicitaire Broman & Barow, elle est engagée par une des cadres, Laetitia (Isabelle Vitari), qui se trouve être une ancienne camarade de lyçée. Mais Laetitia a une idée en tête et des comptes à règler. Oui, et alors? Seconde chance empreinte les codes (clichés?) de Ugly Betty et Verliebt in Berlin réunis, depuis le personnage de la super-garce jusqu'au patron quinqua à la Alan Dale, plus des tics de RIS ou de L’Hôpital (une voix-off, des split screens, des chansons incidentes en Anglais, etc...). Et aussi des séquences surréalistes héritées de Ally McBeal, ainsi qu'une agaçante musique incidente "elfmanienne" venant tout droit de Wisteria Lane. Sans parler de répliques terribles telles que « Je suis une femme comme les autres ».

TF1 avait annulé la seconde saison de Verliebt in Berlin (Le Destin de Bruno, centrée sur le demi-frère de Lisa) à mi-parcours à cause du manque d'intérêt des télespectateurs après le départ du personnage de Lisa Plenske. Les responsables de TF1 et d'Alma ont ils pensé que la recette n'est bonne qu'avec une héroïne? La cible visée par TF1 n'est autre que la mythique ménagère de moins de 50 ans et les adolescents. Mais les adolescents regardent Alles was zählt (Le rêve de Diana), un soap allemand de Grundy UFA, sur M6. Les deux premiers épisodes de Seconde chance furent plutôt bien accueillis. Le bouche à oreilles fut d'abord favorable au sein du public visé et la chaîne semblait satisfaite des des débuts de son feuilleton.

Six mois plus tard, les audiences n'ont pas atteint ce que TF1 pouvait en attendre avec un tel budget et une telle logistique, mais personne ne voulait enterrer le soap trop tôt à cause du précédent de Plus belle la vie. En plus TF1 à dû gérer la grossesse de son actrice principale et donc remplacer Caroline Veyt par Pascale Michaud dans le rôle d'Emilie Marceau - à partir de l'épisode 100 (et avec un générique modifié). Maintenant, à l'approche de la fin de la saison, Seconde chance s'apprête à rejoindre le Mémorial des expériences hasardeuses en matière de Soap Operas, auprès de perles comme le très "camp" Riviera (1991, une coûteuse co-production américano-française), Affaires étrangères (Foreign Affairs, 1992, une co-production entre la Hollande, le Canada et... l'Argentine!), Secrets (1992) (2) ou Eldorado, de la BBC (1992-1993).

Les clés pour un bon soap sont des personnages forts, des acteurs virtuoses (3), un facteur d'identification mais des intrigues exagérées voire hyperboliques tout en étant contenues dans le cadre de l'environnement défini par le programme... le tout pour un coût raisonnable. TF1 devrait s'en tenir aux formules de ses "dramédies" à succès: l'inégal Joséphine Ange gardien et le léger, drôle et efficace Père et maire (ABC ou NBC devraient prendre en considération l'idée d'acheter le format de cette série), plutôt que de tenter de dupliquer Ugly Betty, Grey's Anatomy ou Les experts d'une façon ou d'une autre.

(1) Luke et Laura Spencer dans Hôpital central/Alliances et trahisons (http://thierryattard.blogspot.com/2008/05/alliances-et-trahisons-sur-tf1-terreur.html), LE couple de l'Histoire du Soap Opera.
(2) Sky du Mont à propos de Secrets: http://thierryattard.blogspot.com/2008/05/sky-du-mont.html.
(3) Dans l'univers du soap à la française, le charismatique Alexandre Fabre - Charles Frémont dans Plus belle la vie - est l'incarnation du virtuose. Physique mis à part, il est l'équivalent français de Joseph Mascolo (Stefano DiMera dans Des jours et des vies).

lundi 2 mars 2009

SIX PIEDS (VOUS CONNAISSEZ LA SUITE)

Chaque saison, Hollywood travaille dur pour pousser Lee Goldberg à écrire une nouvelle édition de son formidable Unsold Television Pilots (http://www.amazon.com/exec/obidos/tg/detail/-/0595189644/ref=ase_adventuresintele/103-7358193-8705413?v=glance&s=books). Den of Geek a publié une liste de 36 pilotes qui pourraient donner lieu ou non à des séries. Sur le papier, c'est l'alignement de pilotes le moins attirant de la décennie (http://www.denofgeek.com/television/207248/36_upcoming_us_tv_pilots.html).

Sommersby façon 11 septembre? Mark Pellington (Arlington Road) réalise Back, où une victime des attaques sur le WTC réapparaît après avoir été présumée morte pendant 8 ans. Le pitch est un des plus excitants de l'année (au moins selon les normes des networks), mais le problème de la télévision américaine contemporaine est que ça ne va jamais au-delà de ces pitches. Si CBS devait en faire une série, espérons qu'ils auraient toute une saison de scripts prêts avant le tournage.

Depuis le pactole global des différentes adaptations de Yo soy Betty la fea, les séries latines sont sur les radars de chaque cadre de la télé sur toute la planète. Hermanos y detectives (2006), une série argentine sur un policier et son petit frère de 11 ans, un enfant surdoué détective génial, a déjà fait l'objet d'un remake espagnol baptisé Hermanos & detectives (2007) - pour Telecinco, la chaîne du RIS hispanique (http://www.telecinco.es/hermanosydetectives/). Voilà maintenant que le réseau ABC l'adapte en tant que Brothers & Detectives, et c'est réalisé par Gregory Hoblit (Hill Street Blues). Bien fait, ça pourrait être le Monk ou Enquêteur malgré lui (Psych) d'ABC. Dans le cas contraire, ça pourrait être proprement agaçant. Souvenons nous d'Ugly Betty...

Le succès de la BBC avec le revival de Survivors, le monument imaginé par Terry Nation, aurait-il inspiré NBC? Day One décrit un petit groupe de... survivants, après qu'un mystérieux évènement ait détruit le monde tel que nous le connaissons. « La fin du monde ne peut faire l'objet d'un copyright », écrit avec sagesse Martin Anderson dans son article pour Den of Geek. Tout comme un groupe de robins des bois de l'arnaque ne peut faire l'objet d'un copyright non plus. Le courage de NBC Universal est admirable, souvenons nous de Jericho. A propos, est-ce que Freema Agyeman joue dans Day One?

Après le courage, la bravoure: deux tentatives ratées en 1992 et en 2002 (http://leegoldberg.typepad.com/a_writers_life/2008/08/maybe-the-third-time-will-be-the-charmor-rather-charmed.html), n'ont pas découragé ABC de commander un pilote d'après le roman de John Updike Les sorcières d'Eastwick (The Witches of Eastwick), et le film du même nom. Ca s'appelle Eastwick et c'est réalisé par le talentueux David Nutter. Je m'attends à un Desperate Housewives rencontre Charmed, à moins que ce ne soit l'inverse? NBC veut faire un remake de Parenthood, le film de 1989 (Portrait craché d'une famille modèle)... Essayer de faire des séries hebdomadaires à partir de films, ça fait tellement années 1990.

Please cry for me, Argentina. Fox adapte Lalola (2007), une série comique argentine à propos d'un playboy qui se transforme en blonde, sous le titre Eva Adams. Cette série, à l'instar de Hermanos y detectives, a déjà fait l'objet d'un remake en Espagne. Donc, on peut "copyrighter" le vieux truc de l'échange de sexe? ITV a un concept très similaire intitulé Boy meets girl, avec Martin Freeman (1).

A la recherche du prochain Lost... (pas moi en tout cas) FlashForward, d'après un roman écrit en 1999 par Robert J. Sawyer: un incident au cours d'une expérience scientifique permet accidentellement à tout le monde d'avoir un aperçu de sa vie dans le futur. J'ai eu un aperçu de la saison 2009-2010 et je suis quasiment dans un état de choc traumatique, alors imaginez... David Goyer (co-scénariste de The Dark Knight) réalise pour ABC.

Quoi d'autre? Le nouveau projet de Paul Scheuring (Prison Break) pour Fox: Masterwork est vendu comme « Un thriller sur une course contre la montre pour retrouver les artefacts les plus recherchés au monde
». Martin Anderson appelle ça un Da Vinci code - hebdomadaire. Je ne suis fan ni de Prison Break ni de Dan Brown.

Il y a aussi une copie de The Mentalist (avec un truc en plus), quelques séries politiques ou juridiques, ainsi que le nouveau candidat au prix du Ne leur dites surtout pas que les Supersoaps sont morts dans les années 1990: après Cane ou Dirty Sexy Money, voici Empire State, « Roméo et Juliette dans le Manhattan moderne (ABC). Il y a également une nouvelle version de Human Target (Fox), d'après une bande dessinée DC de Len Wein and Carmine Infantino, et avec l'excellent Mark Valley dans le rôle d'un garde du corps qui prend littéralement l'apparence de ses clients pour les protéger. C'est réalisé par Simon West (Les ailes de l'enfer) et produit par McG (Charlie's Angels, Terminator Renaissance) donc le nouveau Human Target a tout le potentiel pour devenir une sympathique série dans le genre action/aventure. En 1992, Rick Springfield fut la vedette d'une première adaptation, distrayante mais de courte durée. Essayer de faire des séries hebdomadaires à partir de bandes dessinées, ça fait tellement... (vous connaissez la suite) mais ça m'est égal. Si ça devient une série j'espère juste que ça ne subira pas le sort de Knight Rider 2008.

Au moins nous serons épargnés les nouveaux Hawaï police d'état, Perdus dans l'espace ou Les rues de San Francisco, mais ABC a commandé un remake de V (http://leegoldberg.typepad.com/a_writers_life/2009/02/rehashes-reworkings-and-reimaginings.html). Un jour, des lézards fascistes en costumes de mécanicien oranges viendront nous manger... encore. Un jour sans fin avec des reptiles, et nous sommes Phil Connors.

(1) Comme me le rappelle Corinne Auffret-Nguyên, de l'indispensable Beans on Toast, le site français de Doctor Who (http://www.doctor-who.fr/), après qu'elle ait fait quelques recherches.