vendredi 11 octobre 2013

HOUSE OF CARDS (KOBA FILMS)

Lorsque Margaret Thatcher quitte son poste de Premier ministre du Royaume-Uni, Henry Collingridge devient le leader du Parti conservateur et le nouveau titulaire de la fonction. Francis Urquhart, le chef de file du parti, espère une place de choix dans le nouveau gouvernement mais Collingridge le maintient dans sa fonction actuelle.

Encouragé par son épouse, Urquhart décide de faire tomber Collingridge et de tracer sa voie vers le 10 Downing Street par tous les moyens. Conspiration, manipulation et même pire.

« Qui ça, moi? Oh non, non, non. Je suis le chef de file du parti, un simple fonctionnaire. Je maintiens l'ordre dans les rangs. Je dois assurer la cohésion du mouvement. Et j'accorderai bien entendu mon absolue fidélité a celui qui sera élu chef de la majorité. »

House of Cards (1990), le thriller politique de la BBC est enfin disponible en DVD en France chez Koba Films. Réalisé par Paul Seed, cette mini-série en quatre épisodes de 55 minutes a été adaptée par le scénariste Andrew Davies d'après un livre de Michael Dobbs. Dobbs, ex-conseiller de Margaret Thatcher et ancien officiel du Parti conservateur, a écrit un roman réaliste sur la corruption et l'intrigue dans les coulisses de la politique britannique post-Thatcher alors que la Dame de fer était encore au pouvoir. La version télé a pour vedette Ian Richardson (La Taupe) dans le rôle de Francis Urquhart, dont le travail est de veiller à la discipline des parlementaires du parti majoritaire à la Chambre des communes.

« Rien ni personne n'est éternel. Tôt ou tard les règnes les plus étincelants et les plus longs eux-mêmes doivent prendre fin. »

Après la démission de Margaret Thatcher, les Conservateurs ont besoin d'un leader. L'honnête et populaire  Henry Collingridge (David Lyon) devient Premier ministre et Francis Urquhart, qui l'a soutenu, s'attend à entrer au gouvernement. Mais après les élections générales, remportées par le Parti conservateur avec une majorité réduite, Collingridge rejette les propositions d'Urquhart pour un remaniement y compris sa promotion. Elizabeth, l'épouse de Francis (Diane Fletcher),  suggère à son époux de prendre le leadership à Henry Collingridge en faisant "tout ce qui est nécessaire". Et c'est ce qu'il fait.

Francis Urquhart déplace tranquillement ses pions involontaires: Roger O'Neill (Miles Anderson), le conseiller en communication du parti accro à la cocaïne. La jeune reporter politique Mattie Storin (Susannah Harker). Patrick Woolton (Malcolm Tierney), l'ultra-conservateur ministre des affaires étrangères. Et même le magnat des médias Ben Landless (Kenny Ireland). Les fondations du 10 Downing Street sont sapées tout doucement, Collingridge ne comprend pas et il est durement touché à travers son frère Charles (James Villiers), alcoolique. Les pions peuvent être sacrifiés et pas seulement au sens figuré. Pour House of Cards, Michael Wearing (Edge of Darkness), alors en charge des mini-séries à la BBC, a conseillé à Andrew Davies d'"ajuster un peu" le livre et de "penser jacobéen".

« Pour un peu on aurait dit Richard de Gloucester au château de Baynard.
- "Montre toi, joli soleil." »

Le Francis Urquhart de Davies s'adresse directement au public, à la Richard III. Le scénariste a considérablement développé le personnage de l'épouse de Francis, appelée Miranda dans le roman, dont il a fait une Lady Macbeth moderne. Il a aussi modifié la relation d'Urquhart avec Mattie (« Il y a certaines choses qu'un gentleman ne peut raconter. ») et inversé la fin. Le passé théâtral shakespearien de Richardson et sa collaboration avec Susannah Harker dans Troubles (1988) ont servi le travail d'adaptation. La réalisation de Paul Seed, des idées du producteur Ken Riddington et la musique de Jim Parker ont tout autant contribué à mettre en valeur les changements substantiels effectués par Andrew Davies.

« Ne dites pas que vous avez des remords. Si vous éprouvez de la pitié vous avez tout à fait tort. Écrasez là sous votre talon comme un vieux mégot de cigare. Je n'ai fait que mon devoir et je le ferais encore. »

House of Cards a été diffusé sur BBC One du 18 novembre au 9 décembre 1990 et a rejoint à juste titre des classiques politiques télévisuels comme Yes Minister/Yes Prime Minister (1980-1988) et A Very British Coup (1988). La précision de Michael Dobbs a eu un écho inattendu avec l'annonce par Margaret Thatcher le 22 novembre de sa démission. L'interprétation d'Urquhart par l'incroyable Ian Richardson et son "Libre à vous de le croire; moi je ne peux pas faire de commentaire." ont laissé leur marque dans la culture populaire. Dobbs a fait revenir son politicien machiavélique dans To Play The King et The Final Cut, respectivement adaptés à la télévision en 1993 et 1995.

Richardson a remporté le BAFTA TV du meilleur acteur en 1991 pour House of Cards. Susannah Harker était nommée dans la catégorie Meilleure actrice. Le reste de la distribution était d'une aussi grande qualité. Spécialement les fantastiques Diane Fletcher, Miles Anderson, Alphonsia Emmanuel (Penny Guy) et James Villiers - très émouvant dans le rôle de Charles. L'excellent Colin Jeavons, interprète de Tim Stamper (« Si j'avais un chien dans son genre je le tuerais. »), revint dans To Play The King. En France, France 3 a diffusé House of Cards dans les années 1990 sous le titre de Château de cartes. Dans la VF c'est Bernard Dhéran qui prête sa voix et son talent à Ian Richardson.

« Pourquoi vouloir être le père de tout le monde? »

Koba Films sort House of Cards dans un coffret DVD 2 disques en VO, avec ou sans sous-titres (faits pour l'occasion), ou en VF. Un commentaire audio du premier épisode par Andrew Davies, Ian Richardson et Ken Riddington est disponible en bonus. Une adaptation américaine en 13 épisodes de House of Cards avec Kevin Spacey a été proposée en février dernier sur Netflix.

http://www.kobafilms.fr/serie/house-of-cards-324.html

Voir aussi (Spoilers):

http://chrishallamworldview.wordpress.com/2013/03/10/house-of-cards-revisited/
http://www.thedailybeast.com/articles/2013/01/17/rewind-bbc-s-iconic-political-thriller-house-of-cards-still-captivates.html